Au PAPS, la dame des maux de l’âme

Audrey BA est une spécialiste des maux de l’âme.
Après avoir exercé une vingtaine d’années dans la protection de l’enfance en accompagnant les familles devant les tribunaux pour enfants de Bobigny et de Créteil, elle décide de s’intéresser davantage aux soins, avec de nouvelles exigences, et notamment celle d’apporter un soutien psychologique aux familles défavorisées, ou démunies faisant souvent face à un quotidien difficile. Elle s’investit notamment aujourd’hui auprès d’un SESSAD (Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile) en suivant, avec des éducateurs spécialisés, des enfants qui connaissent des déficiences intellectuelles et des difficultés d’apprentissage à l’école..

« Des personnes de tout âge, de toutes conditions viennent parler de ce qui les fait souffrir ou les questionne »

Et depuis février 2018, Villetaneuse lui offre la possibilité de s’impliquer concrètement. « J’aime l’engagement auprès des familles qui ont besoin de parler de ce qui leur arrivent, avance-t-elle. Et ici, il y a une dimension sociale de précarité qui est sous-jacente aux discours des gens, une dimension migratoire qui a des effets sur le psychisme et sur la manière d’être parent qui peut produire du malaise, des états d’anxiété, des dépressions mais aussi des violences intrafamiliales ».

Aujourd’hui, comme elle dit : « des personnes de tout âge, et de toutes conditions viennent parler de ce qui les fait souffrir ou les questionne… On accueille toute personne, mineure ou majeure, qui a une demande d’écoute ou d’échange avec un psychologue ». Beaucoup de parents viennent demander des conseils concernant leurs enfants ou leurs adolescents.Ensuite il s’agit de « repérer ce qui fait symptôme, et d’évaluer l’état psychique ». Tout est appréhendé : tristesse, humeur dépressive, événement grave, question éducative, question relationnelle avec l’enfant, l’adolescent…

« Dans le cadre du PAPS, précise-t-elle, nous recevons aussi un public de femmes victimes de violences conjugales qui implique un travail précis d’écoute et d’orientation et pour cela, elles sont souvent orientées vers la Maison des Femmes de Saint-Denis, une structure spécialisée dans ce domaine. »

Echanger, soutenir et orienter

La consultation de soutien psychologique est d’abord un outil qui offre une aide ponctuelle. Audrey Ba propose toutefois trois niveaux d’implication que l’on peut résumer ainsi : échanger, soutenir et orienter.

D’abord, il s’agit effectivement d’une « action ponctuelle pour traiter l’urgence de la demande ». Et parfois, celle-ci peut être réglée en une séance. Si nécessaire, le soutien psychologique peut être adapté et s’étaler sur 2 ou 3 séances. Enfin, parfois, la prise en charge peut durer plusieurs semaines, voire 4 ou 5 mois, « pour passer un cap » et pour que la personne se sente mieux.
Si la souffrance est trop importante, si l’état psychique du patient apparaît trop fragile et nécessite une prise en charge approfondie, alors celui-ci est orienté vers un CMP* pour les adultes ou CMPP pour les enfants.

D’autres partenaires peuvent l’assister ou prendre le relais. En plus de la Maison des Femmes citée plus haut, Audrey BA est en relation avec les PMI, le Programme de Réussite Educative (PRE) de la commune, le multi accueils de la Maison de la Petite Enfance, la nouvelle structure d’accueil des jeunes parents de la Saje93 au centre-ville, la Maison des Adolescents à Saint-Denis (Casados).Dans le domaine médico-social, ce travail de mobilisation des ressources en réseau est très courant et très efficace pour la prise en charge. Autrement dit… anxiété, mal-être, état dépressif, relationnel compliqué, sommeil perturbé ou appétit déréglé… tous ces troubles méritent écoute et soins.
Au PAPS, sans tabou, toutes les difficultés peuvent être abordées, en toute confidentialité : il ne faut pas hésiter !
Erwann Quéré

* CMP : centre médico-psychologique / CMPP : centre médico-psycho-pédagogique .